Maceo. Tu es né un soir de février, à Paris.
Tu étais déjà né avant, mais je ne savais pas encore que c'était toi.
Tu étais né une première fois dans ma tête, dans la mini rouge de ma mère m'emmenant à l'école, je devais avoir six ou plutôt sept ans. Nous étions arrêtés au passage à niveau du Banlay, et j'étais en train de réfléchir aux femmes enceintes, aux bébés paisiblement lovés dans leur ventre. Et je lui ai demandé :
- "Mais Maman les bébés sont vraiment déjà vivants dans le ventre de leur mère ?"
La vie dans la vie, l'oeuf de la vie lové dans le rond d'un ventre, son "oui" avait ouvert une vertigineuse spirale se déroulant à l'infini, la vie dans la vie de la vie dans la vie de la vie...
De ce jour j'avais conçu l'envie, l'assurance de l'envie de donner la vie, la certitude que ma vie ne serait pas finie, que ma vie ne serait pas si je ne donnais pas la vie.
Ce soir de février j'étais allé boire un verre avec Fabrice au Zorba, rue de Belleville. De la rue Manin je n'avais qu'à traverser de part en part, par le bas, le Parc des Buttes-Chaumont, et j'étais arrivé.
Le Zorba, je le retrouve chez Virginie Despentes, dans le Tome 2 de "Vernon Subutex" page 46.
Lieu historique.
Nous y avions nos quartiers, chez Hakim. En rencontrant Elyse, tu étais presque né. Le plus dur était fait. Je me suis dit :
"C'est la fin de ma quête, elle est mon Graal. Mes ailes, mes îles, mon zèle, mes délices, mes hélices, mon sens, mon essence, mon Elyse, ma Mona Lisa."
En mars nous sommes partis à Saint Malo, et à Bréhat. Elle s'est sentie enceinte. Elle n'a jamais su déterminer le début de la grossesse.
Naissance le 25 décembre 2000 à 18 heures, hôpital Robert Debré, porte des Lilas, ma fleur préférée.
Je suis rentré tard dans la nuit, groggy, dans le métro je me demandais si les gens pouvaient deviner que je venais de devenir Papa. Dans la tête j'avais la chanson d'Higelin, "J'suis Papa !", et au visage la banane ahurie.
Je voulais être père, j'y étais préparé, le rôle de ma vie.
Par contre, je ne pensais pas devoir me préparer en plus à être mère.
Je retrouve mes notes de 2000-2001. C'est à ta naissance de que j'ai repris "Expresso", puisque c'est bien à toi qu'il s'adresse en priorité et en totalité. A l'époque je reprenais l'introduction pour ton arrivée et ça commençait comme ça :
"Maceo, mon amour, Maceo d'amour, mon amour d'amour, c'est à toi, pour toi, par toi, que je parle, que j'écris aujourd'hui. Jamais, ni autant ni aussi bien, je ne me suis exprimé que par toi. Tu es ma plus belle expression. D'où viens-tu ? Pour quoi es-tu là ? Je vais tenter de te le dire. Je vais essayer de te donner des repères, d'être re-père."
A cette époque j'étais revenu du Brésil où j'avais passé six mois. Mon frère habitait 22 rue Manin, dans le XIXème, le petit appartement au sixième étage que Maman avait acheté après la mort de Papa. De Sao Paolo je l'avais interrogé : si je reviens en France, je voudrais vivre à Paris. Justement il s'apprêtait à déménager pour vivre avec Amparo. L'appartement était libre.
J'avais chercher du boulot sans relâche, dans l'audiovisuel, tous azimuts, mais je survivais grâce à des CDD, de l'interim, dans la banque, les centres d'appel.
Je me rappelle mal de l'année 1999. En y repensant je me souviens de l'an 2000 fêté à Barcelone avec Vincent. C'était la période des Productions Clandestines, nos projets documentaires et fictions.
En février 2000, rencontrant ta mère, j'étais fort déprimé. Rien ne décollait. J'ai réellement flashé sur elle, je l'ai dit à Fabrice qui m'épaulait, je lui ai offert un verre, une bière, à distance elle était à l'autre bout du comptoir, on a fait "Tchin", puis je me suis approché, on a commencé à discuter, tout de suite la musique, et d'un coup Monk. Je ne sais plus par quel hasard je portais dans mon sac à dos historique une partition de Monk. Nous sommes rentrés ensemble cette nuit, elle poussant son vélo, de la rue de Belleville jusqu'à la rue Manin. C'était fait. J'étais fort amoureux, tout était évident, parfait, sa grossesse fut facile et heureuse, nous vivions dans l'émerveillement de ce qui était en train de se passer dans son ventre, nous te parlions dès le sixième mois, te faisions écouter de la musique, puis magie suprême de ta naissance-expulsion de torpille, je me tenais à ses côtés, derrière son épaule quand j'ai vu ton long corps blanc filer entre ses cuisses dorées, magie du premier jour, des premières semaines, magie de la vie...
Par Dominique, le frère aîné de mon ami Emmanuel, j'entamais un CDD de huit mois qui couvraient la grossesse. Mon contrat s'est terminé juste avant Noël, juste avant ta naissance, m'offrant ensuite un an d'ASSEDIC pour être avec toi chaque jour de ta première année. C'est là que nous avons construit ensemble nos fondations. Je connaissais tes six pleurs, je traduisais chaque clignement de tes yeux. Notre relation était si profonde que je ne voyais pas bien l'intérêt de la parole. Qu'est-ce que ça pouvait bien apporter de plus ?
Ta première sortie fût au Parc des Buttes Chaumont, tu es enregistré à l'état civil à la mairie du XIXème. Parigot Maceo.
Ta mère avait repris le boulot après ta naissance, un CDD elle aussi, vendeuse de souvenirs la nuit près de Notre-Dame. On tirait le lait de ses seins, pompe manuelle, et je te donnais les biberons de son lait la journée.
Au bout d'un an, par d'autres amis, Lolo en tête, je trouvais du boulot à Lyon, et nous déménagions.
Tu étais déjà né avant, mais je ne savais pas encore que c'était toi.
Tu étais né une première fois dans ma tête, dans la mini rouge de ma mère m'emmenant à l'école, je devais avoir six ou plutôt sept ans. Nous étions arrêtés au passage à niveau du Banlay, et j'étais en train de réfléchir aux femmes enceintes, aux bébés paisiblement lovés dans leur ventre. Et je lui ai demandé :
- "Mais Maman les bébés sont vraiment déjà vivants dans le ventre de leur mère ?"
La vie dans la vie, l'oeuf de la vie lové dans le rond d'un ventre, son "oui" avait ouvert une vertigineuse spirale se déroulant à l'infini, la vie dans la vie de la vie dans la vie de la vie...
De ce jour j'avais conçu l'envie, l'assurance de l'envie de donner la vie, la certitude que ma vie ne serait pas finie, que ma vie ne serait pas si je ne donnais pas la vie.
Ce soir de février j'étais allé boire un verre avec Fabrice au Zorba, rue de Belleville. De la rue Manin je n'avais qu'à traverser de part en part, par le bas, le Parc des Buttes-Chaumont, et j'étais arrivé.
Le Zorba, je le retrouve chez Virginie Despentes, dans le Tome 2 de "Vernon Subutex" page 46.
Lieu historique.
Nous y avions nos quartiers, chez Hakim. En rencontrant Elyse, tu étais presque né. Le plus dur était fait. Je me suis dit :
"C'est la fin de ma quête, elle est mon Graal. Mes ailes, mes îles, mon zèle, mes délices, mes hélices, mon sens, mon essence, mon Elyse, ma Mona Lisa."
En mars nous sommes partis à Saint Malo, et à Bréhat. Elle s'est sentie enceinte. Elle n'a jamais su déterminer le début de la grossesse.
Naissance le 25 décembre 2000 à 18 heures, hôpital Robert Debré, porte des Lilas, ma fleur préférée.
Je suis rentré tard dans la nuit, groggy, dans le métro je me demandais si les gens pouvaient deviner que je venais de devenir Papa. Dans la tête j'avais la chanson d'Higelin, "J'suis Papa !", et au visage la banane ahurie.
Je voulais être père, j'y étais préparé, le rôle de ma vie.
Par contre, je ne pensais pas devoir me préparer en plus à être mère.
Je retrouve mes notes de 2000-2001. C'est à ta naissance de que j'ai repris "Expresso", puisque c'est bien à toi qu'il s'adresse en priorité et en totalité. A l'époque je reprenais l'introduction pour ton arrivée et ça commençait comme ça :
"Maceo, mon amour, Maceo d'amour, mon amour d'amour, c'est à toi, pour toi, par toi, que je parle, que j'écris aujourd'hui. Jamais, ni autant ni aussi bien, je ne me suis exprimé que par toi. Tu es ma plus belle expression. D'où viens-tu ? Pour quoi es-tu là ? Je vais tenter de te le dire. Je vais essayer de te donner des repères, d'être re-père."
A cette époque j'étais revenu du Brésil où j'avais passé six mois. Mon frère habitait 22 rue Manin, dans le XIXème, le petit appartement au sixième étage que Maman avait acheté après la mort de Papa. De Sao Paolo je l'avais interrogé : si je reviens en France, je voudrais vivre à Paris. Justement il s'apprêtait à déménager pour vivre avec Amparo. L'appartement était libre.
J'avais chercher du boulot sans relâche, dans l'audiovisuel, tous azimuts, mais je survivais grâce à des CDD, de l'interim, dans la banque, les centres d'appel.
Je me rappelle mal de l'année 1999. En y repensant je me souviens de l'an 2000 fêté à Barcelone avec Vincent. C'était la période des Productions Clandestines, nos projets documentaires et fictions.
En février 2000, rencontrant ta mère, j'étais fort déprimé. Rien ne décollait. J'ai réellement flashé sur elle, je l'ai dit à Fabrice qui m'épaulait, je lui ai offert un verre, une bière, à distance elle était à l'autre bout du comptoir, on a fait "Tchin", puis je me suis approché, on a commencé à discuter, tout de suite la musique, et d'un coup Monk. Je ne sais plus par quel hasard je portais dans mon sac à dos historique une partition de Monk. Nous sommes rentrés ensemble cette nuit, elle poussant son vélo, de la rue de Belleville jusqu'à la rue Manin. C'était fait. J'étais fort amoureux, tout était évident, parfait, sa grossesse fut facile et heureuse, nous vivions dans l'émerveillement de ce qui était en train de se passer dans son ventre, nous te parlions dès le sixième mois, te faisions écouter de la musique, puis magie suprême de ta naissance-expulsion de torpille, je me tenais à ses côtés, derrière son épaule quand j'ai vu ton long corps blanc filer entre ses cuisses dorées, magie du premier jour, des premières semaines, magie de la vie...
Par Dominique, le frère aîné de mon ami Emmanuel, j'entamais un CDD de huit mois qui couvraient la grossesse. Mon contrat s'est terminé juste avant Noël, juste avant ta naissance, m'offrant ensuite un an d'ASSEDIC pour être avec toi chaque jour de ta première année. C'est là que nous avons construit ensemble nos fondations. Je connaissais tes six pleurs, je traduisais chaque clignement de tes yeux. Notre relation était si profonde que je ne voyais pas bien l'intérêt de la parole. Qu'est-ce que ça pouvait bien apporter de plus ?
Ta première sortie fût au Parc des Buttes Chaumont, tu es enregistré à l'état civil à la mairie du XIXème. Parigot Maceo.
Ta mère avait repris le boulot après ta naissance, un CDD elle aussi, vendeuse de souvenirs la nuit près de Notre-Dame. On tirait le lait de ses seins, pompe manuelle, et je te donnais les biberons de son lait la journée.
Au bout d'un an, par d'autres amis, Lolo en tête, je trouvais du boulot à Lyon, et nous déménagions.
Six mois plus tard, à l'été, elle me quittait. Et toi avec. Elle nous quittait, quoi.
Dans la foulée je me fais virer, faute grave, licenciement, prudhommes. Chômage. Loi des séries. Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille, dixit ce grand con de Chirac.
On se retrouve tous les deux, en bugne à bugne, tu as un an et demi, pas de crèche, j'ai trente ans. Alain vient nous voir à Lyon, où il a un concert, et me balance une de ses phrases qui trottent longtemps et qui marquent profondément. Lui, l'un des rares amis à avoir connu Papa, me dit un truc du style : "Tu as un grand bonhomme derrière toi, et un grand bonhomme devant toi, donc tu n'as pas le choix, tu dois être un grand bonhomme." Dès ta naissance en fait, les premières personnes à te rencontrer ont ressenti une force et une sérénité qui émanaient de toi. Une lumière, aussi. Tu rayonnais dans un calme éclatant, petit Bouddha. Et ce regard net, observateur, dès les premiers jours, quand certains nourrissons gardent le regard vide pendant des mois. Tu ne pleurais qu'à bon escient, et très peu, donc.
Dans la foulée je me fais virer, faute grave, licenciement, prudhommes. Chômage. Loi des séries. Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille, dixit ce grand con de Chirac.
On se retrouve tous les deux, en bugne à bugne, tu as un an et demi, pas de crèche, j'ai trente ans. Alain vient nous voir à Lyon, où il a un concert, et me balance une de ses phrases qui trottent longtemps et qui marquent profondément. Lui, l'un des rares amis à avoir connu Papa, me dit un truc du style : "Tu as un grand bonhomme derrière toi, et un grand bonhomme devant toi, donc tu n'as pas le choix, tu dois être un grand bonhomme." Dès ta naissance en fait, les premières personnes à te rencontrer ont ressenti une force et une sérénité qui émanaient de toi. Une lumière, aussi. Tu rayonnais dans un calme éclatant, petit Bouddha. Et ce regard net, observateur, dès les premiers jours, quand certains nourrissons gardent le regard vide pendant des mois. Tu ne pleurais qu'à bon escient, et très peu, donc.
Je ne me rappelle plus l'exact déroulement des faits, mais au bout de quelques mois, je pus enfin l'inscrire à la crèche du quartier. Nous habitions 41 rue Burdeau, au bas des pentes de la Croix-Rousse, dans le 1er arrondissement. C'est une libération, ça me laisse du temps pour mes démarches de recherche d'emploi, et surtout ça t'apporte une sociabilisation qui commençait à manquer. Je suis d'ailleurs curieux, un peu inquiet, de ton adaptation aux autres. Tout se passe bien, très bien même, et j'eus un des plus beaux compliments "ever" en venant te chercher le dernier jour de l'année scolaire, avant que tu n'entres en maternelle à l'école des Tables Claudiennes. La jeune fille responsable de la crèche me prit à part et me tint à peu près ce langage : "Ca ne fait pas très longtemps que je fais ce métier, mais je voulais vous dire que je n'avais jamais vu d'enfant comme Maceo. Il est gentil et attentionné avec tout le monde, les petits, les plus grands et les adultes. Il protège les petits, prête ses jouets à tous, et règle même les conflits en veillant à la justice en toute chose."
Les enfants ont leur personnalité propre dès la naissance, les parents ne sont là que pour les accompagner. Aujourd'hui, tu es cet être calme, observateur, sage et bienveillant, drôle aussi. Beau, aussi. Les gènes, sans doute, et peut-être aussi l'importance d'une vie intra-utérine douce et agréable, avec des sons harmonieux, beaucoup de musique, aucun cri, aucun stress, les voix de ses deux parents déjà bien identifiées. En regardant le film de ta naissance, tu me dis : "J'ai l'impression que vous m'avez élevé avec de l'amour et de la musique." C'est vrai qu'on t'en a mis plein le réservoir, au départ.
Il faut certainement de la chance aussi. J'ai énormément de chance d'être tombé sur toi. Je n'aurais sans doute pas pu faire tout ça avec un autre que toi. Je n'aurais même peut-être pas pu faire ça avec une fille. J'aurais pourtant adoré être Papa d'une petite fille. Oh lord... Oui ça j'aurais vraiment voulu, et c'est un deuil de penser que ça ne sera pas.
En y repensant, c'est un peu comme si j'avais choisi ta mère, d'abord par un sixième sens extraordinaire pour une compatibilité physique parfaite, (mon côté animal ?) mais aussi avec cette idée qu'elle ne tiendrait pas la route, et que je me retrouvais seul avec toi. Une autre femme serait partie avec l'enfant, ou en tout cas aurait tout fait pour en avoir la garde. Là... Pendant la grossesse nous n'avions pas demandé le sexe du bébé, mais au fond de moi j'étais persuadé de faire un joli métis, à la peau mate, aux cheveux bruns et frisés. L'idée du prénom "Maceo" était sous-tendue par cette certitude que de notre mélange sortirait un métis mat. Tes cheveux blonds et ton corps blanc, long comme une torpille sortant entre les cuisses brunes de ta Maman, en ont décidé autrement. Pourtant tu es bien métis, d'Algérie, de Champagne, d'Alsace et de Bourgogne. Et ce prénom te va comme un gant.
En plus tu es beau, Maceo. Depuis le début je réponds ça aux compliments (il nous est souvent arrivé d'être interpellé dans la rue, dans le métro, à Paris et à Lyon) : "Il est encore plus beau à l'intérieur". Ta mère par contre a vécu des scènes de rue, de métro ou dans les commerces, ces regards, allers-retours bébé / Maman, et la question : "Vous êtes sa Nounou ?"
A travers toutes les péripéties, je n'ai jamais voulu couper tout contact avec ta mère, j'ai toujours veillé à ce que tu conserves une image positive d'elle, tu ne m'as jamais entendu la dénigrer ni l'insulter. Aujourd'hui elle est là pour toi, et j'en suis heureux pour toi. Après deux décisions de justice je ne crains plus la foudre. Bien sûr sa vie nouvelle à Biarritz à de nombreux attraits, surtout face à la grise et moyenne Nevers, pour toi qui aime la glisse sous toutes ses formes, peut-être que plus tard tu iras vivre là-bas ?
"C'est mon fils, ma bataille", deuxième référence à ce chanteur dont je n'aime ni la voix ni l'écriture, mais dont j'aime cette chanson, et le personnage, le seul à avoir déstabilisé Mitterrand (au prix de sa vie ?) sur un plateau télé.
Tu as pris le meilleur de nous deux, et tu en fais ta sauce, ton miel. Plus que métis, tu es quarteron, comme Alexandre Dumas. Tes beaux yeux d'un bleu unique sont faits pour embrasser toute les beautés du monde. Tu seras plus grand que moi, et à grand coup de kayak tu es en train de te construire un corps de ouf dont je n'aurais jamais pu rêver pour moi-même.
J'ai confiance en toi, j'ai confiance dans la solidité de notre relation unique, dans la profondeur et l'indestructibilité de nos fondations-canalisations, j'ai confiance dans ta capacité à t'adapter et à t'intégrer partout, tout le temps, et avec tout le monde, en très bonne intelligence.
Je t'ai toujours tout dit, même avant la parole. Dolto, Maceo. Avec les bons mots, les mots justes et vrais. Je ne me souviens pas avoir beaucoup babillé. Et tu as toujours tout compris, comme Françoise l'avait bien dit. Une autre Françoise, avec Foued et Laure, fut le témoin de ton premier mot. Tu avais commencé à le dire à Lyon, sur tous les tons, à tout va : "Bato ?", sur tous les tons "Bato ! Batooo !!! Bato ?" Ton premier était bateau. Tout était bateau, voiture, avion, où plutôt tu voulais t'assurer que ça n'en était pas. "Bato ???" Et là, en arrivant dans la Clio à Oléron, quand tu les as vu pour de bon...
Etre père, pair et repère. En cela je sais avoir fait plus et mieux que mon père.
Tu es la plus belle chose qui m'ait été donnée de voir sur cette Terre. De toi Maceo, de notre histoire, de ta génération, de ton parcours déjà long, de notre amour, je fonde de l'espoir. Beaucoup. Une immense espérance.
Vous êtes la jeunesse-promesse-cerise d'un meilleur monde à venir. Il ne peut en être autrement. Devant toi l'immense Océan de tous les possibles... Nous pourrions bien être surpris.
Il faudrait simplement que tu te trouves un autre maître à penser que Bart Simpson.
Il faut certainement de la chance aussi. J'ai énormément de chance d'être tombé sur toi. Je n'aurais sans doute pas pu faire tout ça avec un autre que toi. Je n'aurais même peut-être pas pu faire ça avec une fille. J'aurais pourtant adoré être Papa d'une petite fille. Oh lord... Oui ça j'aurais vraiment voulu, et c'est un deuil de penser que ça ne sera pas.
En y repensant, c'est un peu comme si j'avais choisi ta mère, d'abord par un sixième sens extraordinaire pour une compatibilité physique parfaite, (mon côté animal ?) mais aussi avec cette idée qu'elle ne tiendrait pas la route, et que je me retrouvais seul avec toi. Une autre femme serait partie avec l'enfant, ou en tout cas aurait tout fait pour en avoir la garde. Là... Pendant la grossesse nous n'avions pas demandé le sexe du bébé, mais au fond de moi j'étais persuadé de faire un joli métis, à la peau mate, aux cheveux bruns et frisés. L'idée du prénom "Maceo" était sous-tendue par cette certitude que de notre mélange sortirait un métis mat. Tes cheveux blonds et ton corps blanc, long comme une torpille sortant entre les cuisses brunes de ta Maman, en ont décidé autrement. Pourtant tu es bien métis, d'Algérie, de Champagne, d'Alsace et de Bourgogne. Et ce prénom te va comme un gant.
En plus tu es beau, Maceo. Depuis le début je réponds ça aux compliments (il nous est souvent arrivé d'être interpellé dans la rue, dans le métro, à Paris et à Lyon) : "Il est encore plus beau à l'intérieur". Ta mère par contre a vécu des scènes de rue, de métro ou dans les commerces, ces regards, allers-retours bébé / Maman, et la question : "Vous êtes sa Nounou ?"
A travers toutes les péripéties, je n'ai jamais voulu couper tout contact avec ta mère, j'ai toujours veillé à ce que tu conserves une image positive d'elle, tu ne m'as jamais entendu la dénigrer ni l'insulter. Aujourd'hui elle est là pour toi, et j'en suis heureux pour toi. Après deux décisions de justice je ne crains plus la foudre. Bien sûr sa vie nouvelle à Biarritz à de nombreux attraits, surtout face à la grise et moyenne Nevers, pour toi qui aime la glisse sous toutes ses formes, peut-être que plus tard tu iras vivre là-bas ?
"C'est mon fils, ma bataille", deuxième référence à ce chanteur dont je n'aime ni la voix ni l'écriture, mais dont j'aime cette chanson, et le personnage, le seul à avoir déstabilisé Mitterrand (au prix de sa vie ?) sur un plateau télé.
Tu as pris le meilleur de nous deux, et tu en fais ta sauce, ton miel. Plus que métis, tu es quarteron, comme Alexandre Dumas. Tes beaux yeux d'un bleu unique sont faits pour embrasser toute les beautés du monde. Tu seras plus grand que moi, et à grand coup de kayak tu es en train de te construire un corps de ouf dont je n'aurais jamais pu rêver pour moi-même.
J'ai confiance en toi, j'ai confiance dans la solidité de notre relation unique, dans la profondeur et l'indestructibilité de nos fondations-canalisations, j'ai confiance dans ta capacité à t'adapter et à t'intégrer partout, tout le temps, et avec tout le monde, en très bonne intelligence.
Je t'ai toujours tout dit, même avant la parole. Dolto, Maceo. Avec les bons mots, les mots justes et vrais. Je ne me souviens pas avoir beaucoup babillé. Et tu as toujours tout compris, comme Françoise l'avait bien dit. Une autre Françoise, avec Foued et Laure, fut le témoin de ton premier mot. Tu avais commencé à le dire à Lyon, sur tous les tons, à tout va : "Bato ?", sur tous les tons "Bato ! Batooo !!! Bato ?" Ton premier était bateau. Tout était bateau, voiture, avion, où plutôt tu voulais t'assurer que ça n'en était pas. "Bato ???" Et là, en arrivant dans la Clio à Oléron, quand tu les as vu pour de bon...
Etre père, pair et repère. En cela je sais avoir fait plus et mieux que mon père.
Tu es la plus belle chose qui m'ait été donnée de voir sur cette Terre. De toi Maceo, de notre histoire, de ta génération, de ton parcours déjà long, de notre amour, je fonde de l'espoir. Beaucoup. Une immense espérance.
Vous êtes la jeunesse-promesse-cerise d'un meilleur monde à venir. Il ne peut en être autrement. Devant toi l'immense Océan de tous les possibles... Nous pourrions bien être surpris.
Il faudrait simplement que tu te trouves un autre maître à penser que Bart Simpson.
No comment... Biarritz avril 2016.
Avril 2018. Il nous est arrivé des petites misères, à deux mois du bachot. Tu dois t'accrocher à tes branches, la musique, la guitare, et pourquoi pas le dessin ? Depuis Lisbonne, Renan et Paolinho, Fabrice, Charlotte, Nazzareno, François, Sergio et Cyrille m'ont tous dit que tu avais un style, le tien, donc pourquoi pas ? Moi tu le sais, je serai toujours là pour toi.
Juin 2018. L'éducation cool, c'est pas cool. L'éducation doit être stricte, le tuteur doit être solide. Dresser ? Discipliner, imposer, obliger ? J'ai choisi l'amour absolu, la confiance totale, le dialogue pour tout. Ai-je eu tort ? Surtout, je n'ai pas été assez solide, j'ai été faible. A tes 13/14 ans j'aurais sans doute du faire autrement.
Maceo,
Je t'aime, pour toujours.
Je te pardonne. Tout.
Je te respecte. Pour qui tu es.
Je crois en toi. Pour l'à venir.
Je t'admire. Pour tous tes talents.
Et par-dessus tout : je t'aime.
Papa.
Maceo,
Je t'aime, pour toujours.
Je te pardonne. Tout.
Je te respecte. Pour qui tu es.
Je crois en toi. Pour l'à venir.
Je t'admire. Pour tous tes talents.
Et par-dessus tout : je t'aime.
Papa.
Lundi 29 avril 2019, 6 heures du matin, l'oiseau s'envole du nid.
"La vie est une fête grave et belle, pleine, riche, inépuisable, soulevée par une force d'enfance éternellement renouvelée".
Maurice Genevois (le Giono de Loire).
Tous droits réservés (enfin j'espère).
Maurice Genevois (le Giono de Loire).
Tous droits réservés (enfin j'espère).